L'expansion de l’Afrique dans les foires d’art internationales et son impact sur l’art contemporain - FR/EN
Le dernier trimestre de l'année, marqué par des incertitudes et un optimisme renouvelé, met en lumière une tendance clé : l’expansion de l’art contemporain africain sur la scène internationale. Désormais incontournable dans des événements majeurs comme Art Basel, Paris Photo ou la Biennale de Venise, l’Afrique s’affirme en construisant des ponts culturels et en offrant de nouvelles perspectives. Plus qu’un participant, cet art redéfinit les contours d’un marché contemporain en pleine transformation.
1. Au-delà des frontières : Une expansion globale
L’Art contemporain africain, parfois segmenté, évolue vers une expansion plus généraliste. Avec une maturité croissante, les acteurs clés du secteur - artistes, galeries, collectionneurs et curieux - s’intègrent de manière naturelle dans les grands événements internationaux Art Basel ou Paris Photo. Cette montée en visibilité reflète non seulement une diversification des goûts, mais aussi une curiosité accrue pour la richesse artistique émanant de l'Afrique et de ses diasporas. Pour les galeristes, c'est l'occasion d'intégrer des artistes moins représentés afin de les présenter à leurs collectionneurs existants ou d'attirer un nouveau public, tandis que ces artistes peuvent diversifier leurs types de représentation. Un bon exemple est Ethan COHEN, qui représente des figures établies comme Ai WEIWEI et Yayoi KUSAMA aux côtés de Catheris MONDOMBO (RDC) lors de la Miami Art Fair (3-8 décembre).
2. L’importance de construire des ponts interculturels pour ouvrir le dialogue créatif
Le dialogue interculturel devient central pour étendre la connaissance, nourrir nos mondes créatifs, encourager les pratiques artistiques diverses et dépasser les barrières géographiques. Cela s’est particulièrement constaté lors de la dernière édition de Paris Photo et la présence de galeries présents aux foires spécialisées comme AKAA, 1-54 à l’instar de MAGNIN-A et Galerie 193 venus présenter respectivement les oeuvres de J.D. Okhai Ojeikere et Thandiwe MURIU en tandem avec Joana CHOUMALI - cette dernière était par ailleurs a également été mise à l'honneur dans un solo show par LOFT Art Gallery qui a attiré une attention supplémentaire. Ces exemples soulignent la nécessité d’entrelacer les mondes artistiques—non pas simplement comme un croisement, mais comme une composante intégrale du circuit artistique mondial. Parallèlement, on peut anticiper avec confiance que les foires spécialisées comme AKAA et 1-54 resteront particulièrement prisées en tant que plateformes centrales promouvant l’art d’Afrique tout en soutenant un dialogue ouvert et direct avec le continent. Les événements continentaux tels Art X Lagos et la Biennale de Dakar continueront quant à eux à renforcer leur influence et à affirmer leur position, tandis que l’on peut s’attendre à une croissance supplémentaire de la part de foires plus modestes comme la Biennale de Lubumbashi.
3. ‘Sortie du Temple’ de L’Art Contemporain Africain.
Les foires d’art deviennent des lieux stratégiques pour découvrir des artistes nouveaux ou émergeants, avec une préférence première des collectionneurs pour ces événements (55%) par rapport aux galeries (40%) lorsque l’on parle des HNWI. Aussi on note une diminution de l’intérêt pour des œuvres de grande valeur au profit d'un plus grand nombre de pièces de gamme moyenne lors des foires (Sokoloff + Associates.) Cette évolution s’inscrit dans un transfert générationnel de richesse, où les jeunes collectionneurs, en particulier ceux de la génération Z, privilégient les artistes émergents ce qui favorise la présence d’artistes nouveaux ou peu exposés notamment originaires d’Afrique. Ce changement s’accompagne d’un renouvellement des esthétiques et des préoccupations politiques dans le monde artistique où certains médiums reprennent du galon.
4. Une diversification des sélections curatoriales : plus pointues et osées
Alors que le marché continue de se métamorphoser, les attentes des collectionneurs évoluent également, à la recherche d’œuvres inédites et des artistes distinctifs. Avec la montée en visibilité des talents africains et diasporiques et par ailleurs une désacralisation de l’accès à l’Art, ainsi que des profils variés de collectionneurs, une nouvelle dynamique se crée. 55% des HNWI issus de la Gen Z se pencher vers des nouveaux artistes ou émergeant l’année à venir (indépendamment du continent d’origine.) On peut dès lors prédire que davantage artistes émergents vont continuer de rejoindre leurs pairs établis sur la scène internationale. Cette tendance souligne une exploration accrue des récits transnationaux et des pratiques innovantes.
5. L’importance de la collaboration
Cette année, les galeries Afriart (Kampala) et Rele (Lagos) s'associent et partagent un booth commun à Art Basel, démontrant la force des échanges culturels et intercontinentaux. En présentant des artistes issus de différentes régions africaines telles que l'Ouganda, le Kenya et le Botswana, cette collaboration met également en avant une pluralité d'expressions et d'histoires tout en créant davantage d'opportunités pour les artistes et les galleristes d'explorer la curation sous un angle différent. La présence croissante des artistes africains dans les foires d'art internationales offre des perspectives uniques sur leurs communautés, créant ainsi un espace distinct sur la scène internationale. Ces artistes s'affranchissent souvent des matériaux traditionnels occidentaux, créant des œuvres profondément ancrées dans leurs environnements locaux, offrant ainsi de nouvelles perspectives et des récits alternatifs qui stimulent l'innovation dans le paysage contemporain.
Conclusion
La montée en puissance de l’art contemporain africain dans les foires internationales témoigne d’un tournant culturel et économique majeur. En construisant des ponts entre les cultures, en répondant aux attentes d’un marché en mutation et en valorisant les talents émergents, ce mouvement ne fait que commencer. Une chose est certaine : l’art africain redéfinit les contours du marché de l’art contemporain, au-delà des frontières géographiques et symboliques. Ancienne catégorie, l’Art Contemporain d’Afrique agit désormais comme catalyseur pour un marché de l’art plus inclusif, dynamique et tourné vers l’avenir et qui prend de plus en plus de place.
Avec une demande croissante des collectionneurs, notamment des nouvelles générations, et des initiatives curatoriales plus audacieuses, l’art africain redéfinit les codes esthétiques et économiques du secteur. Les galeries, artistes et collectionneurs engagés dans ce processus ne construisent pas seulement un marché, mais aussi une narration globale où l’Afrique occupe désormais une place cruciale.