Céline Seror : Une vision optimiste de l'entrepreneuriat artistique
À Investec Cape Town Art Fair, Céline Seror présente SOLO, Playscapes: Shaping Worlds and Selves, une section qui sonne comme un appel à l’ouverture et l’exploration. Curatrice mais avant tout entrepreneuse artistique, elle réfléchit aux défis du commissariat d’exposition et à l’art de construire des récits artistiques porteurs de sens.
Céline SEROR
Ngalula MAFWATA : SOLO, Playscapes: Shaping Worlds and Selves, évoque des thèmes d’ouverture et d’exploration. Pouvez-vous nous en dire plus sur le concept curatorial de cette section ? Quelles idées ou influences ont façonné sa vision ?
Céline SEROR : Ce que j’aime dans le commissariat d’exposition, c’est la possibilité de construire et de partager des récits qui défient, surprennent et élargissent notre manière de voir le monde. Playscapes: Shaping Worlds and Selves est né de ce même désir—présenter des perspectives artistiques qui nous invitent à repenser la façon dont nous construisons nos réalités et nos identités à travers le jeu.
Une influence fondamentale dans l’élaboration de Playscapes a été l’idée que le jeu n’est pas simplement un passe-temps, mais une force puissante qui façonne l’histoire, la mémoire et la perception de soi. De la même manière que l’histoire joue un rôle vital dans la construction de nos récits collectifs et personnels, le jeu—par l’exploration, la réinvention et l’imagination—nous aide à comprendre qui nous sommes et qui nous pourrions devenir.
“Ce que j’aime dans le commissariat d’exposition, c’est la possibilité de construire et de partager des récits qui défient, surprennent et élargissent notre manière de voir le monde. ”
Ngalula MAFWATA : SOLO réunit 10 artistes et 10 galeries, chacune adoptant une approche distinctive—certaines participant pour la première fois. Quels éléments clés ont guidé votre processus de sélection, et comment avez-vous relevé le défi de créer un récit cohérent à travers ces pratiques diverses ?
Céline SEROR : Le processus de sélection commence toujours par les artistes et les œuvres qui s’alignent le mieux avec le thème de la section. Ce n’est qu’ensuite que vient le choix des galeries qui les représentent. Cette approche est essentielle pour construire un récit cohérent centré sur les œuvres les plus pertinentes. Cela dit, la diversité—des techniques, des origines géographiques et des générations—a également été une considération clé. Je voulais souligner qu’il n’existe pas une seule manière d’explorer comment le jeu peut façonner nos mondes et nos identités. La diversité mise en avant dans cette section est intentionnelle, afin que chaque visiteur puisse trouver son propre point de connexion et d’interprétation.
Ngalula MAFWATA : En tant qu’entrepreneure artistique, vous avez créé des plateformes telles que IAM, The Art Momentum et Artness. Quelles leçons précieuses avez-vous tirées de ces initiatives, notamment dans le développement d’une approche transculturelle de l’art contemporain ?
Céline SEROR : Ha ! Je dirais que la leçon la plus précieuse que j’ai appris est l’importance d’avoir une vision claire et adopter un état d’esprit positif, tourné vers l’atteinte d’un objectif lors de la conception et développement de projets. Créer un environnement de confiance et de bienveillance—tant pour que avec les personnes avec qui l’on travaille—est essentiel. L’entrepreneuriat artistique comporte son lot de défis, et sans un objectif bien articulé—comme promouvoir une approche transculturelle de l’art contemporain et le rendre accessible au plus grand nombre—ainsi qu’un réseau solide de collaborateurs, le chemin devient presque impossible.
Elevation, Ange DAKOUO (2019)
Ngalula MAFWATA : Investec Cape Town Art Fair est un événement majeur qui rassemble un mélange dynamique de galeries et d’artistes. Selon vous, qu’est-ce qui en fait une plateforme unique et essentielle pour l’art contemporain sur le continent africain ?
Céline SEROR : Je collabore avec Investec Cape Town Art Fair depuis huit ans maintenant et j’ai pu observer son évolution remarquable en devenant le plus grand événement artistique du continent africain. Cette transformation est exceptionnelle et témoigne de la capacité de la foire à répondre au besoin croissant de visibilité et d’exposition pour les artistes et galeries en Afrique et au-delà.
“ Je dirais que la leçon la plus précieuse que j’ai appris est l’importance d’avoir une vision claire et adopter un état d’esprit positif, tourné vers l’atteinte d’un objectif lors de la conception et développement de projets.”
Ngalula MAFWATA : Quels sont vos incontournables pour cette édition ?
Céline SEROR : C’est une question très difficile, car chaque artiste et galerie apportent une perspective unique sur le thème. Par exemple, nous verrons comment les souvenirs personnels et les rêves permettent à des artistes comme Kristine Tsala ou Justin Yoon de s’échapper et de se retrouver dans d’autres mondes. Des artistes comme Soly Cissé et Ange Dakouo dialoguent avec les récits historiques, représentant le monde comme un ensemble d’expériences individuelles influencées par les traditions et l’histoire, tout en étant façonnées par des éléments de hasard. Enfin, je suis ravie de présenter les œuvres générées par IA d’Eman Ali et de mettre en lumière comment la disruption technologique continue de nourrir la créativité des artistes.
SOLO, Playscapes: Shaping Worlds and Selves, Investec Cape Town Art Fair 2025
Investec Art Fair 2025 - 21-23 February 2025, more www.investeccapetownartfair.co.za
